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éclat, ni beauté ; nous l’avons vu, il était méconnaissable ; méprisé, le dernier des hommes, homme de douleurs, il est familiarisé avec la misère ; son visage était obscurci par les opprobres et par l’ignominie, et nous l’avons compté pour rien. Il a vraiment porté lui-même nos infirmités ; il s’est chargé de nos douleurs. Oui, nous l’avons vu comme un lépreux, frappé de Dieu et humilié. Il a été blessé lui-même à cause de nos iniquités ; il a été brisé pour nos crimes ; le châtiment qui doit nous procurer la paix s’est appesanti sur lui ; nous avons été guéris par ses meurtrissures. Nous nous sommes tous égarés comme des brebis ; chacun de nous suivait sa voie, et le Seigneur a fait tomber sur lui l’iniquité de tous. Au milieu des douleurs, il n’a point ouvert la bouche ; il a été à la mort comme un agneau ; il est demeuré comme une brebis devant celui qui la tond ; il est mort au milieu des humiliations après un jugement. Qui racontera sa génération ? Il a été retranché de la terre des vivants. Je l’ai frappé pour les crimes de mon peuple. »

Et dans un autre endroit, Jésus-Christ parle ainsi lui-même : « Pour moi, je suis un ver de terre et non un homme. Je suis l’opprobre des hommes et le rebut du peuple. Tous ceux qui me voient m’insultent ; le mépris sur les lèvres, ils ont secoué la tête en disant : Il a mis son espoir en Dieu ; que Dieu le délivre ; que Dieu le sauve, puisqu’il se plaît en lui. »

Vous voyez, mes chers frères, le modèle qui nous a été donné. Si le souverain maître s’est abaissé à ce degré d’humilité, que ferons-nous donc, nous qui devons tout à sa grâce, nous qui sommes placés sous le joug de sa miséricorde ?

Retraçons en nous l’humilité de ces hommes qu’on voyait couverts de peaux de chèvres et de brebis, allant partout prêcher l’avénement de Jésus-Christ. Nous voulons parler ici des prophètes Élie, Élisée, d’Ézéchiel, et de tant d’autres qui ont mérité d’être loués par l’Esprit saint dans les divines Écritures.

C’est là qu’Abraham est honoré du plus glorieux témoignage : il est appelé l’ami de Dieu. Mais lui, uniquement occupé de la gloire du Seigneur, s’humilie en s’écriant : « Je ne suis que cendre et poussière ! »