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à la vie. Voyez, dis-je ; cette résurrection qui se renouvelle à tout moment.

Le jour et la nuit nous la manifestent : la nuit se couche, le jour se lève ; le jour s’en va et la nuit arrive.

Voyons les fruits. Ce qui arrive à la semence est connu de tout le monde : le semeur va dans son champ, il la jette en terre. Ainsi répandues, les graines, qui tombent arides et desséchées, se décomposent au bout d’un temps marqué ; après leur décomposition, la vertu toute-puissante de Dieu les ranime, et, d’une seule, elle fait naître plusieurs fruits qui en produisent beaucoup d’autres à leur tour.

Considérons encore le prodige qui a lieu dans certaines contrées de l’Orient, c’est-à-dire en Arabie.

On y trouve un oiseau qui s’appelle phénix ; il est seul et unique de son espèce. Cet oiseau vit environ six cents ans ; quand sa fin approche, il se fait un nid composé de myrrhe, d’encens et d’autres aromates ; puis il entre dans ce nid et y meurt. De sa chair putréfiée naît un ver qui se nourrit d’abord de la substance de l’oiseau mort, et qui se couvre ensuite de plumes.

Devenu plus fort, il emporte le petit tombeau qui renferme les restes de son prédécesseur, et, chargé de ce précieux fardeau, il passe d’Arabie en Égypte, jusqu’à la ville d’Héliopolis ; et là, en plein jour, sous les yeux de tous les spectateurs, il vient, en volant, le déposer sur l’autel du soleil et disparaît aussitôt.

De leur côté, les prêtres égyptiens consultent avec soin leurs livres sur les époques, et trouvent que cet oiseau est venu précisément au bout de cinq cents ans[1].

Devons-nous, après cela, trouver surprenant si le divin ouvrier de toutes choses ressuscite un jour ceux qui l’ont servi avec piété et avec une foi pleine de confiance, puisque, par

  1. Le fait du phénix passait pour vrai au temps de saint Clément. Plutarque, Pline, Tacite, Pomponius Méla, Philostrate, Libanius, Tacite, en ont parlé comme les Pères de l’Église, qui l’ont rappelé souvent comme une image de la résurrection générale.