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eux et leur dit : « Jetez les yeux au ciel, mes enfants ; là Jésus-Christ nous attend avec ses saints. Demeurez fidèles dans son amour, et combattez courageusement pour le salut de vos âmes. » Le préfet la fait frapper et lui dit : « Vous êtes bien hardie de donner de semblables conseils devant moi, malgré les ordres de l’empereur ! » Puis il appelle l’un après l’autre ses sept enfants, qui, tous, confessent généreusement la foi. Ils périrent par différents supplices.

Ainsi se renouvelaient les exemples de courage donnés autrefois par les Régulus, les Mucius-Scévola, les Clélie ! Ainsi, au milieu de la corruption de l’empire, on voyait renaître les héroïques vertus des premiers Romains ; mais que leur principe était différent ! Ce principe n’était plus l’ambition, la vaine gloire ; mais l’amour de Dieu, le désir du ciel.

On voit aussi, par le courage que les femmes déployaient, le changement prodigieux qui s’opérait dans ce sexe animé par l’exemple de Marie. Et quelle merveille que ce changement, quand on songe que le vice chez les femmes païennes n’avait pas de frein, que la fureur des spectacles avait mis à la mode la plus grande licence, et qu’à cette époque un empereur qui voulait réformer les mœurs trouva trois mille accusations d’adultère inscrites sur les rôles !

La religion faisait donc ce que la philosophie, sur le trône, ne pouvait obtenir.

Pline le jeune, nommé consul dans la première année du second siècle, fut envoyé dans le Pont et la Bithynie en qualité de proconsul. Il y trouva tant de Chrétiens, qu’il consulta l’empereur sur ce qu’il devait faire par rapport à eux. Voici la lettre de Pline à Trajan :


Pline à l’empereur Trajan.


« Je me suis fait un devoir, seigneur, de vous consulter sur tous mes doutes ; car qui peut mieux que vous me guider dans mes incertitudes ou éclairer mon ignorance ? Je n’ai jamais assisté aux informations contre les Chrétiens ; aussi j’ignore à