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le Père tout-puissant et en Jésus-Christ son fils unique ; où l’on adore également le Père, qui a engendré son Fils de toute éternité, et le Fils, qui est né du Père avant tous les siècles, le Père, qui a envoyé son Fils à la terre, et le Fils, qui s’est fait homme, et qui s’est offert en sacrifice à son Père pour les péchés des hommes. Il implique contradiction que le Père soit une même personne que le Fils, et le Fils une même personne que le Père ; car on ne peut pas être Père et Fils à l’égard de soi-même ; on ne s’engendre pas soi-même ; on ne s’envoie pas soi-même ; on ne s’offre pas en sacrifice à soi-même. Si Jésus-Christ n’était pas une autre personne que le Père, « ses discours, remarque très-judicieusement l’abbé Fleury, seraient obscurs et insensés, lorsqu’il dit qu’il procède du Père, que le Père l’a envoyé, que le Père et lui ne sont qu’un. Ce serait dire : Je procède de moi ; je me suis envoyé moi-même ; moi et moi nous sommes un. Il n’y a de sens à ces paroles qu’en disant que Jésus-Christ est une autre personne que le Père, quoiqu’il soit le même Dieu. »

C’est ainsi que les mystères se prouvent et se soutiennent réciproquement, tout incompréhensibles qu’ils sont pour une raison bornée, mais orgueilleuse, qui a tant de peine à croire l’intelligence infinie lui révélant des vérités infinies.

Ils étaient inconséquents les ariens, qui, dans le 4e siècle, niaient la divinité de Jésus-Christ, sans prétendre rien changer ni à sa morale ni à son culte. Ils ne voyaient donc pas que la foi en un Dieu crucifié pour le salut des hommes est le fondement nécessaire des vertus chrétiennes qui, sans cette foi et sans l’exemple qu’elle propose, n’auraient pas de motif suffisant et seraient impraticables ; ils ne voyaient donc pas que le culte chrétien, les prières, les sacrements, et surtout le plus auguste des sacrements, sont l’adoration continuelle du même Dieu qui s’est immolé pour nous sur la croix, et qui s’immole encore tous les jours sur les autels, mais d’une manière mystique et non sanglante.

Ils étaient inconséquents, les novatiens qui, tout à la fois, niaient la rémission des péchés commis après le baptême, et