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SAINT JUSTIN.

DISCOURS AUX GRECS.

Grecs, veuillez le croire, ce n’est pas sans raison, sans examen, que j’ai abandonné votre culte.

Je n’y trouvais rien de saint, rien de pur, rien qui fût digne de Dieu. Que me présentent, en effet, toutes les fables imaginées par vos poëtes, sinon des monuments de fureur ou de délire ? Consultez le plus sage d’entre eux, cherchez près de lui à vous instruire. Il donne plus qu’un autre dans je ne sais combien d’absurdités.

Qu’apprenez-vous d’abord ? Qu’Agamemnon voulant aider son frère et servir de tout son pouvoir sa fureur, sa passion, son amour effréné, livra de gaîté de cœur sa fille au supplice, et bouleversa toute la Grèce pour ressaisir cette Hélène qu’un misérable berger avait enlevée.

La guerre survient, on se partage les prisonniers ; cet Agamemnon devient l’esclave de Chryséïs, sa captive, et se fâche contre Achille, qui ne veut pas lui céder la sienne appelée Briséïs. Que fait de son côté le fils de Pélée ? Après avoir franchi