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et vos sages ; car c’est dans leurs noms que vous avez coutume de vous retrancher comme en un fort inexpugnable, toutes les fois qu’on vous oppose l’opinion des poëtes sur vos dieux. Passons donc en revue les doctrines de vos philosophes ; commençons, comme il est d’usage, par les plus anciens et les plus célèbres : et en exposant l’opinion de chacun d’eux, j’espère vous démontrer que leurs systèmes sont bien plus ridicules encore que la théologie de vos poëtes.

Thalès de Milet, le chef de la philosophie naturelle, prétend que l’eau est le principe de toutes choses. Tout, selon lui, vient de l’eau et doit se résoudre en eau.

Après lui, Anaximandre aussi de Milet, regarde l’infini comme étant le principe de tout ce qui existe : c’est en lui que tout doit rentrer.

Anaximène de Milet, comme les deux autres, vous dira que l’air est le seul principe créateur ; que tout a pris naissance par lui, que tout se résoudra en lui. Si nous écoutons Héraclite et Hippase de Métapont, ce serait le feu qui serait le principe créateur ; c’est du feu que toutes choses auraient reçu l’existence, et tout finirait par le feu.

Anaxagore de Clazomène fait tout dériver de l’homogénéité et de la similitude des parties. Archélaüs, d’Athènes, fils d’Apollodore, voit le principe de toutes choses dans l’infinité de l’air, dans la propriété qu’il possède de se condenser et de se raréfier. Tous ceux que je viens de nommer, sortis de l’école de Thalès, ont suivi cette philosophie qu’ils appellent la philosophie naturelle.

IV. Après eux, Pythagore de Samos, fils de Mnésarque, fait tout dériver d’une autre source. Il voit les principes dans les nombres, leurs rapports et leurs concordances ; et ces rapports et ces concordances donnent pour résultat la Monade et la Dyade infinie. Épicure d’Athènes, fils de Néoclès, pense que les principes des choses existent dans des corps que notre raison peut concevoir incréés et plongés dans le vide ; qui ne sont susceptibles ni de corruption, ni d’altération, ni de changement dans leurs parties, et qui ne seraient à cause de cela