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rangues de Démosthène contre Philippe. Les écrivains du règne d’Alexandre nous font connaître qu’Aristote était dans l’intimité de ce monarque. Par là il vous sera facile de voir que Moïse est bien plus ancien que tous les autres législateurs. Vous ne devez pas ignorer non plus que les Grecs n’ont laissé aucun écrit ni aucun monument qui fît connaître les événements arrivés avant les olympiades, soit chez eux, soit chez les peuples barbares. Il n’y avait donc avant cette époque d’autre histoire que l’histoire écrite, sous l’inspiration divine, par le prophète Moïse et qu’il composa en hébreu. D’ailleurs, les Grecs d’alors ne connaissaient pas encore l’écriture, comme le déclarent vos rhéteurs eux-mêmes : Cadmus, disent-ils, est le premier qui en apporta les caractères de la Phénicie et les communiqua aux Grecs. Le prince de vos philosophes, Platon, prétend aussi que les lettres ont été inventées très-tard ; car il écrit dans le Timée que Solon, le plus sage d’entre les sages, de retour de son voyage en Égypte, raconte à Critias qu’un vieux prêtre égyptien lui avait tenu ce langage : « Solon, Solon, les Grecs sont un peuple d’enfants, il n’y a point d’hommes mûrs parmi eux. Vous n’êtes, ajouta-t-il, que des jeunes gens pour l’esprit ; car vous n’avez aucune connaissance certaine des premiers âges du monde, et vos institutions n’ont point obtenu la sanction du temps. Mais vous croupissez dans l’ignorance, parce que ceux qui ont mérité de vivre dans la mémoire des hommes meurent oubliés. » Or, il faut savoir que toutes les histoires, excepté celle de Moïse, ont été écrites en lettres grecques, qui furent inventées très-tard ; il est facile de s’en assurer, en lisant les écrits, soit des législateurs, soit des historiens, soit des philosophes et des rhéteurs : on trouvera que tous ont confié à cette langue les monuments de leur génie et les inspirations de leurs veilles.

XIII. SI l’on disait que les livres de Moïse et des autres prophètes ont été aussi écrits en grec, nous répondrions que la preuve du contraire se tire des monuments de l’histoire. Nous dirions que Ptolémée, roi d’Égypte, qui fonda la bibliothèque d’Alexandrie et qui l’enrichit de tous les livres qu’il put se pro-