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ils se souvinrent que le démon leur avait parlé de plusieurs autres dieux, et Dieu cessait de leur dire qu’il n’y avait pas d’autres dieux que lui. Car ayant violé le principal commandement, qu’il était si facile cependant d’observer, la justice de Dieu demandait qu’ils expiassent leur faute par le châtiment, et qu’ils ne reçussent plus d’avertissements. Quand ils furent chassés du paradis, ils savaient bien que c’était pour avoir désobéi à l’ordre de Dieu, et non pas pour avoir cru un moment qu’il pourrait y avoir d’autres dieux, qui, dans le fait, sont des dieux de néant : dès lors ils purent transmettre à leur postérité l’idée et le nom de ces dieux chimériques. Telle est l’origine de cette idée de plusieurs dieux ; erreur qui émane d’un père induit en erreur. Dieu, voyant que cette croyance dans les faux dieux envahissait le genre humain, résolut d’en arrêter le cours ; c’est pour cela que Moïse, dans sa vision, entendit ces paroles : Je suis celui qui suis. Et il était nécessaire, en effet, que celui qui devait être le chef des Hébreux fût le premier qui connût le Dieu qui est. C’est pourquoi lorsque Dieu se fit voir à lui la première fois, autant qu’il est permis à un homme de voir Dieu, il lui dit : « Je suis celui qui suis ; » et en le revêtant du commandement suprême, Dieu lui donna l’ordre de dire aux Hébreux : « Celui qui est m’a envoyé vers vous. »

XXII. Platon s’instruisit de toutes ces choses pendant son voyage en Égypte, et l’on voit combien il se complaisait dans cette contemplation de l’unité de Dieu ; mais, craignant l’aréopage, il crut qu’il n’était pas sûr pour lui de parler aux Athéniens de Moïse, qui avait enseigné l’unité de Dieu. Toutefois, il déposa ses croyances sur Dieu et les choses divines dans son magnifique ouvrage du Timée, auquel il donna tous ses soins. Il en parle, non pas comme les ayant apprises de Moïse, mais comme étant son opinion personnelle ; et son langage est absolument le même que celui de Moïse. Car il dit : « La première chose dont mon esprit doit s’occuper, est d’apprendre à discerner ce qui est sans fin et n’a pas été créé, de ce qui est créé sans cesse et cependant n’existe jamais. » Certes, je