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sité de la mort ; ma volonté est pour vous un bien plus fort et plus puissant. » Il est facile de voir qu’ici Platon, craignant d’attirer sur lui les ressentiments des adorateurs des faux dieux, place dans la bouche de l’artisan des faux dieux un langage qui le met en contradiction avec lui-même. En effet, après lui avoir fait dire que tout ce qui était créé était sujet à la mort, il lui fait avancer un moment après tout le contraire, ne voyant pas que par cette manière de raisonner il ne peut éviter d’être accusé de mensonge. Ou bien il a menti d’abord quand il a dit que tout être créé était sujet à la mort, ou bien il ment en affirmant le contraire de ce qu’il a dit au sujet des dieux. S’il est de toute nécessité que ce qui est créé soit périssable selon sa premier définition, comment ce qui est absolument impossible peut-il devenir possible ? Platon semble donc accorder à l’artisan des faux dieux le pouvoir de faite l’impossible, quand il déclare que des dieux sujets à la corruption, puisqu’ils sont sortis de la matière, seront affranchis par sa puissance de la corruption et de la mort ; car la puissance de la matière, suivant l’opinion de Platon qui la considère comme incréée, est égale à celle du créateur ; et peut lutter contre sa volonté. En effet, la puissance de l’être incréé est supérieure à tout ; rien ne peut le subjuguer ; car il est indépendant de tout ce qui est hors de lui-même. C’est ce qui fait dire à Platon, dans un autre endroit : « Nous sommes forcés de reconnaître qu’il n’y a rien qui puisse faire violence à Dieu. »

XXIV. On ne conçoit pas dès lors pourquoi Platon exclut Homère de sa République, parce qu’il aurait mis dans la bouche de Phénix, envoyé auprès d’Achille, cette phrase : Les dieux aussi sont inconstants. Il est évident qu’Homère, en cet endroit, n’a pas voulu parler du vrai Dieu, père des dieux, selon Platon, mais de ces divinités inférieures dont les Grecs admettaient un grand nombre, et que Platon lui-même a désignées par ces expressions dont il se sert en disant : Les dieux des dieux. D’ailleurs, on sait qu’Homère proclame lui-même un Dieu suprême et unique auquel il accorde le pouvoir et l’empire sur tous les autres, par cette fameuse chaîne d’or dont