Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il parle. Et il établit une différence si grande entre le souverain Dieu et les divinités inférieurs, qu’il ne distingue par celles-ci des simples mortels et ne leur suppose pas plus de puissance. Ainsi, dans l’Iliade, Ulysse parlant à Achille, lui dit au sujet d’Hector :

« Confiant dans le Dieu suprême, il se livre à toute sa fureur, et il ne craint ni les hommes, ni les dieux. » (Iliade, I, 239.)

Homère, qui avait ainsi que Platon rapporté de son voyage en Égypte la connaissance du vrai Dieu, me semble s’en être expliqué bien explicitement dans ce passage, où il dit que le héros n’a confiance que dans le Dieu souverain, et qu’il ne tient aucun compte des autres divinités, qu’il considère comme n’existant pas. Dans un autre passage, le poëte se sert, pour désigner Dieu, d’une expression très-significative et qui a autant de force que le participe que Platon emploie lorsqu’il dit, en parlant de Dieu : « Ce qui a toujours été, et ce qui n’a pas de commencement. »

Écoutez, en effet, comme parle le poëte ; ce n’est pas sans raison qu’il fait dire à Phénice : « Non, quand Dieu lui-même, le souverain créateur, me promettrait de me délivrer de la vieillesse, pour me rendre toute la vigueur de ma jeunesse. »

Le pronom lui-même, que le poëte emploie ici, a pour but de désigner le Dieu qui existe véritablement, le vrai Dieu. Vos oracles, d’ailleurs, emploient ce même pronom. Vous savez cette réponse que l’oracle fit à ceux qui lui demandaient quel était le peuple le plus réellement pieux de la terre :

« Les Chaldéens et les Hébreux ont la sagesse en partage ; ils adorent comme leur roi le vrai Dieu, le Dieu même qui est né de lui seul. »

XXV. Pourquoi donc Platon blâme-t-il Homère d’avoir dit que les dieux étaient changeants ? car ce n’est pas sans raison que ce poëte s’est ainsi exprimé. En effet, la conduite que doivent tenir ceux qui veulent obtenir le pardon de leurs fautes par des prières et des sacrifices, n’est-ce pas de quitter le péché qu’ils ont commis et de faire pénitence ? Mais s’ils croient que la Divinité