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rer l’erreur de vos pères, pour vous attacher aux oracles de nos saints prophètes. Ne leur demandez pas l’élégance du discours, mais allez apprendre à leur école les vérités qui doivent nous conduire (notre religion consiste plus dans les actes que dans les paroles) ; et ceux qui compromettent, mais sans conséquence, le nom de philosophes, sont convaincus de ne rien savoir, et ils sont forcés, malgré eux, de l’avouer non-seulement par leurs disputes les uns contre les autres, mais encore par les contradictions qui règnent dans l’exposé de leurs propres systèmes.

XXXVI. Si la découverte de la vérité est, au dire de ces philosophes, le but de toute philosophie, comment, s’ils n’ont pu parvenir à la connaissance de cette vérité, mériteront-ils le nom de philosophes ? Socrate, le plus sage d’entre les sages, celui à qui les oracles rendirent cet éclatant témoignage, en l’appelant


Le plus sage d’entre les hommes,


Socrate, dis-je, avoue ne rien savoir ; comment ceux qui sont venus après lui osent-ils assurer qu’ils connaissent les choses célestes ? En effet, Socrate dit qu’il n’a été appelé sage que parce qu’il n’a pas craint d’avouer qu’il ne savait rien, tandis que d’autres veulent paraître savoir ce qu’ils ignorent. Voici ses paroles : « Oui, disait-il, j’avoue franchement que j’ignore ce que j’ignore, et voilà le très-mince mérite qui me fait regarder comme très-sage. » Et ne croyez pas que Socrate fasse ironiquement profession d’ignorance quand il s’exprime ainsi dans ses Entretiens ; car les derniers mots qu’il dit pour se justifier, au moment d’être conduit en prison, nous fournissent une preuve sans réplique qu’il a parlé sérieusement quand il a fait l’aveu de son ignorance. « Mais il est temps de partir, dit-il. Séparons-nous, vous pour vivre et moi pour mourir ; or, je vais mourir, et vous allez vivre : Dieu seul sait qui de nous va trouver un meilleur sort ! » Après ces derniers mots dans l’aréopage, Socrate fut conduit en prison. Il n’attribuait qu’à Dieu seul la connaissance des mystères que nous ignorons. Que dire donc des successeurs de Socrate, qui n’ont pu arriver à la