Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre autres choses, comme le tenant de leurs ancêtres, que ceux qui avaient recueilli ses oracles étant des hommes illettrés, n’avaient pas toujours su observer exactement la mesure voulue : « Voilà pourquoi, disaient-ils, quelques vers sont imparfaits sous ce rapport. » Car, comme la sibylle, l’inspiration et le transport une fois passés, perdait le souvenir de ce qu’elle avait dit, le défaut d’habileté empêchait les copistes d’observer fidèlement la mesure. Ainsi il est évident que Platon, qui avait en vue les oracles de la sibylle, a porté le même jugement à l’égard de tous les prophètes, quand il dit : « Ils prophétisent des choses grandes et sublimes, qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes, et l’événement justifie tout ce qu’ils disent. »

XXXVIII. Mais comme la véritable religion, ô Grecs ! ne consiste, ni dans l’harmonie des vers, ni dans cette érudition d’un si grand prix à vos yeux, laissez là un vain reste d’amour et pour l’harmonie et pour les mots ; et sans aucun esprit de contention, attachez-vous à ce que dit la sibylle, et voyez tout ce qu’elle doit vous apporter de bien, en vous prédisant d’une manière si claire et si évidente la venue de notre sauveur Jésus-Christ, qui étant le Verbe de Dieu, inséparable de lui par sa vertu, par sa puissance a relevé l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est venu rappeler à notre souvenir cette religion primitive de nos premiers parents, dont l’oubli entraîna leur postérité, à l’aide des suggestions du démon, dans le culte de ces dieux qui n’existent pas. Si quelque doute trouble encore votre esprit, et l’empêche de croire à la manière dont fut créé l’homme, croyez-en des autorités qui ont encore votre confiance, rappelez-vous qu’un de vos oracles supplié par quelqu’un de chanter un hymne à la gloire du Dieu tout-puissant, prononça au milieu de son dithyrambe le vers suivant :

« Celui qui a créé le premier homme et qui l’a nommé Adam. »

Cet hymne est conservé par plusieurs personnes de notre connaissance qui s’en servent au besoin, pour convaincre ceux qui ne veulent pas se rendre à la vérité. Ainsi, ô Grecs ! si vous tenez plus à votre salut qu’aux fables inventées sur des dieux