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juste de ne l’employer qu’à lui plaire, de le préférer à tout ? C’est cet amour de préférence qui nous vaudra l’immortalité et la possession de ce Dieu lui-même.

S’il n’était pas en notre pouvoir de nous donner la vie, nous ne pouvions pas non plus par nous-mêmes faire un légitime usage des nobles facultés qu’il nous donne avec elle. Que fait encore ce Dieu ? Il nous accorde sa grâce pour les diriger. Il nous incline ainsi doucement à la foi. C’est sur cette foi que reposent nos plus chers intérêts. Il faut donc porter l’homme à l’embrasser, au lieu de l’en éloigner.

Ce que toutes les lois humaines n’auraient pu faire, le Verbe divin l’aurait accompli, si le démon n’avait compté sur notre nature corrompue et inconstante pour faire un appel à toutes les passions et les armer par l’impiété, la perfidie de ses calomnies semées de toutes parts contre les hommes les plus innocents.

XI. Quand vous entendez dire que nous aspirons après un royaume, à l’instant vous vous figurez notre ambition à la recherche de quelque trône de la terre.

Quelle est votre erreur ! nous ne voulons pas d’autre royaume que celui du ciel ; et la preuve, c’est qu’interrogés sur ce que nous sommes, nous nous gardons bien de le dissimuler, certains que l’aveu nous vaudra la mort. Si les choses d’ici-bas pouvaient flatter notre ambition, nous n’aurions qu’à taire notre nom et nous dérober au glaive par la fuite ; mais nos espérances ne rampent pas sur la terre, dès lors peu nous importe le bourreau. Après tout, la mort n’est-elle pas inévitable ?

XII. Ce qui devrait surtout vous réconcilier avec la doctrine des Chrétiens, c’est que nulle autre n’est plus propre à maintenir l’ordre et la tranquillité dans l’état. Elle persuade à l’homme que Dieu voit tout ; que le méchant, l’avare, l’assassin, l’homme vertueux sont tous également placés sous la majesté de ses regards ; qu’on ne peut sortir de cette vie sans tomber entre ses mains ; qu’on trouve, selon ses œuvres, une éternité de peine, ou une éternité de bonheur par delà le tombeau. Or, je vous le demande, si ces vérités étaient bien con-