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Quand on part d’un principe vrai, on ne risque rien d’en tirer et d’en réaliser toutes les conséquences, quelles qu’elles soient, certain que l’on est que les conséquences d’un principe vrai ne peuvent jamais être des erreurs. Or, nous partons d’un principe vrai, car c’est le principe qui a opéré les grandes réformes du 16e siècle et produit toutes nos lumières actuelles. Il ne s’agit donc plus que d’en faire sortir les conséquences qu’il renferme.

On ne doit admettre pour vrai que ce qui est conforme aux idées claires et distinctes que nous avons des choses. Tel est le procédé des sciences et surtout des mathématiques. Donc il faut rejeter, non-seulement comme douteux, mais comme faux, ce dont on n’a nulle idée, ce qu’il n’est possible à aucune intelligence de comprendre. C’est par ce raisonnement que Luther a rejeté, non comme douteux, mais comme faux, le mystère de la transsubstantiation ; Calvin, comme faux, le mystère de la présence réelle ; Socin, comme faux, le mystère de la divinité de Jésus-Christ.

Donc, par le même raisonnement, il faut rejeter, non comme douteux, mais comme faux, le spiritualisme ou le théisme : le spiritualisme, parce que nous n’avons idée que des choses matérielles, et qu’esprit est un mot que personne au monde ne peut définir, et par conséquent un mot vide de sens. Le théisme, parce qu’il nous est impossible de comprendre un être infini qui, de son infinité, remplisse l’espace infini ; qui, dans son intelligence, embrasse le passé, le présent et l’avenir ; qui, par un acte de sa volonté, ait fait de rien tout ce qui est ; parce qu’il nous est impossible d’accorder son infaillible prescience avec la liberté humaine, sa suprême sagesse avec les maux physiques et moraux qui règnent dans le monde, et son infinie bonté avec des supplices sans fin, dont on dit qu’il punit des fautes d’un moment.

C’est ainsi que, pour avoir rejeté l’autorité de l’Église catholique en ce qui concerne la foi, l’esprit humain, devenu de nos jours plus raisonneur et plus conséquent qu’il ne l’était aux temps des hérésies, s’est jeté, de conséquences en consé-