Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/417

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parler, le seul fils de Dieu, qu’il s’est fait homme d’après la volonté de son père, pour sauver tous les hommes. Il importe, en troisième lieu, de vous bien prouver qu’avant la venue de Jésus-Christ, de mauvais génies ont égaré l’esprit des peuples, et répandu, par l’organe des poëtes, comme des faits certains, tant de fables ridicules sorties du cerveau de ces derniers ; ainsi que de nos jours, ces mêmes démons, pour faire passer la venue de Jésus-Christ comme une fable, répandent contre nous tant de calomnies, nous imputant les crimes les plus odieux, sans donner la moindre preuve, sans produire un seul témoin de ce qu’ils avancent. Voilà, dis-je, les trois points que nous voulons vous démontrer de la manière la plus évidente.

XXIV. Je dis que nous sommes les seuls en possession de la vérité. Je vous le prouve d’abord par votre conduite à notre égard. Sur plusieurs points, nous tenons le même langage que vos Grecs. Pourquoi sommes-nous les seuls en but à la haine, sinon à cause du nom de Jésus ? Lorsque nous ne faisons aucun mal, pourquoi sommes-nous mis à mort comme des criminels ? Les uns adorent des arbres, ceux-ci des fleuves, ceux-là des rats, des chats, des crocodiles et presque tous les genres d’animaux ; car ils sont loin de s’entendre sur les objets de leur culte, et c’est même cette différence qui les porte à se traiter d’impies les uns les autres ; mais ils ne sont pas pour cela persécutés.

Tout ce que vous avez à nous reprocher, c’est de ne pas adorer vos dieux, de n’offrir aux morts ni libations, ni parfums, ni victimes, ni couronnes pour entourer de vaines images.

Vous le savez, ce qu’on encense ici comme un Dieu, là on le chasse comme un vil animal : ailleurs on l’immole comme une victime agréable. Pourquoi donc cette intolérance envers nous ?

XXV. Autre considération. Nous adorions aussi, comme la multitude, et Bacchus, fils de Sémélé, et Apollon, fils de Latone, Apollon, dont on ne peut, sans rougir, dévoiler les turpitudes ; et Proserpine et Vénus, éprises pour Adonis d’un amour effréné, qui allait jusqu’à la fureur. Vous célébrez encore leurs honteux mystères. Parlerai-je d’Esculape et de tant d’autres dont vous