Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femmes et leurs enfants ? Quelques-uns, et cela ouvertement en public, vont jusqu’à se mutiler pour des turpitudes d’un cynisme inouï. Voilà vos mystères en l’honneur de Cybèle, la digne mère de vos dieux ; et c’est aussi ce qui explique pourquoi vous placez un serpent symbolique et mystérieux près de chacune de ces divinités que vous avez imaginées.

Eh bien ! ces infamies que vous commettez publiquement, en plein jour, vous ne rougissez pas de nous les attribuer. Vous supposez qu’après avoir renversé un flambeau, éteint en nous la raison, cette lumière divine, nous nous livrons sans frein à ces mêmes turpitudes. Ici la calomnie ne peut nuire à des hommes incapables de pareils crimes, mais à ceux qui les commettent et en accusent les autres.

XXVIII. Le chef des mauvais génies, nous l’appelons serpent, Satan ou diable, comme vous pouvez le voir d’après nos saintes Écritures. Le Christ nous a annoncé d’avance qu’avec lui et son armée tous ceux qui l’auront adoré ici-bas seront précipités dans des étangs de feu pour y souffrir des supplices inouïs pendant des siècles sans fin. S’il diffère, s’il suspend l’arrêt prononcé, c’est à cause de l’homme. Il prévoit que plusieurs peuvent se repentir, qu’un grand nombre sont encore à naître. Il a créé l’homme raisonnable, libre et dès lors capable de se déclarer pour la vérité et d’embrasser la vertu, de sorte qu’aucun de nous ne peut s’en prendre à Dieu, s’il vient à se perdre. Nous sommes tous doués de raison et d’intelligence. Oser avancer que Dieu ne s’occupe pas de nous, c’est dire astucieusement qu’il n’existe pas, ou que, s’il existe, il n’est que le protecteur du crime, qu’il ressemble à la pierre, que le vice et la vertu ne sont que de vains noms, le bien et le mal une affaire d’opinion. N’est-ce pas là le comble de l’impiété, de la dépravation ?

XXIX. Je reviens à l’exposition des enfants : si nous l’avons en horreur, c’est que nous craignons pour leur vie. Ne peuvent-ils pas périr avant d’avoir été recueillis, et dès lors ne serions-nous pas des homicides ? Chez nous, on ne se marie que pour élever ses enfants. Si on renonce au mariage, c’est pour passer toute sa vie dans la continence.