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Non, nos mystères ne se célèbrent point par des unions monstrueuses. Rappelez-vous ce que fit l’un des nôtres pour vous détromper sur ce point. Il présenta une requête à Félix, préfet d’Alexandrie, pour lui demander la permission de se faire mutiler par un médecin ; car tous les médecins de la ville avaient déclaré qu’ils ne le pouvaient sans l’autorisation du préfet. Sur le refus de celui-ci, le jeune homme continua de vivre dans la continence et la chasteté, content du témoignage de sa conscience et de l’approbation de ceux qui partageaient ses sentiments. Il n’est peut-être pas hors de propos de rappeler en passant le souvenir de cet Antinoüs, mort il y a peu d’années, et après sa mort imposé à tous comme un dieu qu’ils redoutaient et adoraient tout à la fois ; vous savez ce qu’était le personnage et d’où il venait.

XXX. Mais on nous dira peut-être : « Celui que vous appelez le Christ, n’est-ce pas un simple mortel, né d’entre les hommes, qui aurait fait des miracles à l’aide de la magie et qui par ses prestiges se serait fait passer pour le fils de Dieu ? » Nous allons montrer qu’il est véritablement le fils de Dieu incarné, et nos raisonnements seront ceux non de la crédulité qui se rend à de vaines paroles, mais d’une forte conviction qui n’a pu refuser son assentiment à des prophéties dont nous avons tous les jours l’accomplissement sous les yeux ; et si je ne me trompe, ce genre de démonstration sera pour vous le plus convaincant et le plus décisif.

XXXI. Chez les Juifs parurent des hommes appelés prophètes, dont l’Esprit saint se servait comme d’organes pour annoncer l’avenir. Les différents chefs qui se succédèrent dans le gouvernement de la Judée conservèrent soigneusement leurs divins oracles, tels qu’ils étaient sortis de leurs bouches ; car ils étaient consignés dans des livres écrits en hébreu de la main même des prophètes.

Ptolémée, roi d’Égypte, qui s’occupait de former une bibliothèque et de réunir tous les livres connus, entendit parler de ces prophéties et les fit demander par une ambassade au chef qui gouvernait alors la Judée. Celui-ci s’empressa de lui en adresser une copie écrite en hébreu. Mais ce qu’elle contenait