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mœurs. Dans le second cas, c’en est fait de nos vieilles sociétés ; elles tomberont en ruine et en dissolution. Mais l’Église, qui ne tombe pas, verra de tous les côtés des peuples nouveaux accourir dans son sein pour remplacer les pertes qu’elle aura faites ; alors s’accompliront les temps prédits de la conversion des Juifs et de celle des nations que la lumière de l’Évangile, jusqu’ici, n’a pas éclairées. « Malheur, dit Bossuet, malheur à qui perd la foi ! Mais la lumière va son train, et le soleil achève sa course. »

Qu’avons-nous à craindre ? Qu’avons-nous à espérer ?

Nous avons à craindre que la cupidité et l’égoïsme, qui sont si dominants aujourd’hui, que les intérêts matériels et athées, qui sont poursuivis si généralement et avec tant d’ardeur, ne prévalent encore sur la raison et la conscience. Dieu seul peut modérer cet élan des âmes vers les biens de la terre et faire triompher le bon principe du mauvais ; mais nous ignorons les desseins de Dieu.

Cependant des signes non équivoques d’amélioration se manifestent dans ce pays qui a été si longtemps ravagé par l’incrédulité moderne, sous le nom de philosophie. Réjouissons-nous de ces heureux présages ; ils nous sont donnés par Dieu.

Il est certain qu’à Paris, et dans presque toutes les villes du royaume, les églises ont été plus fréquentées cette année qu’elles ne l’ont été l’année dernière, plus l’année dernière que l’année précédente. Il y a donc un véritable progrès en bien. Il est certain aussi qu’une partie de cette jeunesse, que le libéralisme avait rendue anti-chrétienne pour la rendre révolutionnaire, revient à la religion, et qu’elle y revient avec l’ardeur et la franchise qui appartiennent à cet âge. Les œuvres de licence et d’impiété que le 18e siècle a produites en si grand nombre, et qu’on a reproduites avec tant de scandale sous la restauration, ont perdu leur vogue. Les librairies en regorgent ; le peu qui s’en débite est destiné à la régénération des Portugais et des Espagnols révolutionnés ; mais en France, on n’en achète plus. Il serait d’un très-mauvais ton