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Nous disons encore que l’homme, soit qu’il agisse, soit qu’il souffre, n’est pas soumis à la loi du destin.

Qu’il fasse le bien, qu’il fasse le mal, c’est toujours d’après le libre choix de sa volonté. Ne supposez pas une autre influence que celle du démon, quand vous voyez les gens de bien comme Socrate et d’autres encore persécutés et jetés dans les fers, tandis qu’un Sardanapale, un Épicure et leurs semblables paraissent heureux, et vivent dans l’abondance et dans la gloire. Voilà ce que les stoïciens n’ont pas compris, quand ils ont tout soumis à la nécessité.

Si l’homme, si l’ange sont condamnés à un feu éternel, c’est qu’ils l’ont mérité ; et pourquoi l’ont-ils mérité ? c’est parce que Dieu les a créés libres. Ils nous a faits capables de vice et de vertu ; et sans cette faculté de pouvoir choisir entre le bien et le mal, tout ce que nous ferions serait sans mérite.

Vous trouvez la preuve de cette vérité dans les lois et dans les règles si sagement établies par les législateurs et par les philosophes de tous les pays, pour apprendre à l’homme ce qu’il doit faire et ce qu’il doit éviter.

Nous pouvons encore prendre ici à témoins les raisonnements des stoïciens, quand ils traitent de la morale ; et par là nous verrons plus clairement encore les aberrations de leurs systèmes, lorsqu’ils essaient de raisonner sur les principes des choses et sur la nature des esprits. S’ils disent que l’homme soumis à la loi du destin ne fait rien librement, ou que Dieu n’est autre chose que le grand tout qui change de forme, se dissout, pour se renouveller, qu’annoncent-ils, sinon une profonde ignorance de la nature des êtres incorruptibles ? Que font-ils de Dieu considéré dans son tout ou dans ses parties, sinon une triste composé de tous les genres de misères et de corruption ? Sont-ils amenés à dire qu’il n’y a ni vices ni vertus, alors ils viennent heurter toutes les saines notions, révolter le bon sens et la raison.

VIII. Cependant comme les stoïciens, ainsi qu’il arrive aux poëtes eux-mêmes, ont professé d’excellents principes de morale puisés dans la raison naturelle à l’homme, plusieurs, nous