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le savons, ont été en butte à la haine et mis à mort. Nous pourrions citer Héraclite parmi les anciens, Musonius parmi ceux qui fleurirent de nos jours, et d’autres encore. Car le démon, comme nous l’avons déjà fait voir, a toujours poursuivi de sa haine ceux qui se sont appliqués à vivre selon la raison et à fuir le vice, quel que fût d’ailleurs leur système de philosophie. Faut-il s’étonner si des hommes qui veulent régler leur conduite, non sur une partie de la raison disséminée de toutes parts, mais d’après tout le Verbe, c’est-à-dire Jésus-Christ, objet de leurs études et de leur contemplation, éprouvent une guerre encore plus acharnée de la part de cet ennemi de toute vertu ? Tous les jours ils le confondent et préludent par là au châtiment qu’il doit subir dans des feux éternels. Si déjà nous pouvons le vaincre par la seule vertu du nom de Jésus, peut-on douter de la vérité de ces feux qui lui sont réservés, ainsi qu’à ses adorateurs, comme les prophètes l’ont annoncé, comme Jésus-Christ notre maître l’a enseigné lui-même ?

IX. Et qu’on ne répète pas, avec certains philosophes, que tout ce que nous disons du supplice des méchants au milieu de feux éternels n’est qu’un vain bruit, un épouvantail qui amène à la vertu par la crainte, quand il faudrait lui gagner les cœurs par les charmes de sa beauté et le sentiment de l’amour.

Je n’ai qu’un mot à répondre. S’il n’y a point d’enfer, il n’y a point de Dieu ; ou s’il existe, il ne s’occupe pas de l’homme : dès lors plus de vice ni de vertu. C’est bien injustement que les législateurs ont établi des peines contre les transgresseurs de leurs plus belles lois. Mais puisqu’ils ne sont pas injustes, le chef des législateurs ne peut l’être, lui qui n’ordonne rien que par son Verbe.

Il n’y a d’injustice que dans ceux qui refusent de se soumettre. Mais, dira-t-on, les lois varient selon le pays : telle institution en honneur chez un peuple est un objet de mépris chez un autre, et réciproquement.

Écoutez la réponse à cette difficulté :

« Les mauvais anges ont fait des lois conformes à leur mé-