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sang humain ; car ce sont des libations de sang, et de sang d’hommes égorgés que fait en l’honneur de l’idole le personnage le plus distingué et le plus recommandable d’entre vous. C’est pour imiter votre Jupiter et vos autres dieux que nous nous livrons à de monstrueux amours avec de jeunes enfants, aux plus infâmes voluptés avec des femmes prises indistinctement au hasard. Ne pourrions-nous pas invoquer en faveur de notre conduite l’autorité d’Épicure et celle de vos poëtes ? » Mais parce que nous cherchons toujours, comme dans cette circonstance, à inspirer l’horreur et de ces barbares coutumes, et des démons auteurs de ces crimes, et des hommes qui les imitent, nous sommes en butte à tous les genres d’attaque. Encore une fois, nous nous en inquiétons peu, pleins de confiance comme nous le sommes en la justice du Dieu qui voit tout. Et plût au ciel que quelqu’un pût vous crier d’un lieu élevé avec la voix éclatante de vos acteurs tragiques : « Rougissez de rejeter sur des innocents les crimes que vous commettez vous-mêmes au grand jour ; rougissez d’attribuer vos infamies et celles de vos dieux à des hommes qui les ont en horreur. Rentrez en vous-mêmes, changez de vie. »

XIII. Quand j’ai vu quelles odieuses couleurs répandait le démon sur la doctrine de Jésus-Christ pour en détourner les hommes, j’ai livré au ridicule et l’auteur du mensonge, et ses lâches artifices, et tous les préjugés populaires. Je déclare que je n’ambitionne plus qu’une seule gloire, l’unique but de tous mes efforts, celle d’être reconnu Chrétien.

J’abandonne Platon, non que sa doctrine soit contraire à celle de Jésus-Christ ; mais parce qu’elle ne lui est pas en tout semblable. Je porte le même jugement des autres, c’est-à-dire des disciples de Zénon, et de vos poëtes et de vos historiens. Ils n’ont saisi qu’une partie de la raison disséminée partout ; et celle qui se trouvait à leur portée, ils l’ont exprimée d’une manière admirable. Mais dans quelles contradictions ne sont-ils pas tombés sur les points les plus graves, pour n’avoir pu s’élever à la doctrine par excellence, à cette science sublime qui ne s’égare jamais ? Ce qu’ils ont dit d’admirable appartient