Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/49

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Il n’y a point d’exagération à dire que les Pères, en général, étaient les hommes les plus savants de leur temps, non-seulement dans les lettres sacrées, dont ils faisaient leur étude de tous les jours, mais encore dans les lettres profanes, dont ils s’étaient instruits à fond, pour mieux démontrer aux païens les folies de tous leurs cultes divers, et aux philosophes les absurdités de tous leurs systèmes de philosophie. Quelle connaissance de la mythologie et de l’histoire des siècles passés, quelle richesse d’érudition dans saint Clément d’Alexandrie, dans Origène, dans Eusèbe de Césarée, dans saint Jérôme ! Que de faits historiques, que de personnages de l’antiquité, de poëtes, d’historiens, de philosophes nous seraient inconnus sans eux !

Si nous cherchons une autre science plus importante, où trouverons-nous plus que chez les Pères de cette vraie philosophie qui, se servant d’une exacte dialectique, remonte aux premiers principes, à la connaissance du vrai bon et du vrai beau, pour établir, par une suite de conséquences bien déduites, les règles des mœurs et l’art de rendre les hommes fermes dans la vertu, en éclairant leur raison ? Qui a surpassé en ce genre saint Augustin ? Quel esprit plus élevé, plus pénétrant, plus méthodique, plus modéré ? Quelqu’un a-t-il posé des principes plus sûrs et en a-t-il tiré des conséquences mieux suivies ? Quelqu’un a-t-il des pensées plus sublimes ou des réflexions plus ingénieuses ? Qui n’admire pas saint Augustin, dit l’abbé Fleury, ne lui ôte rien ; mais il se fait tort à soi-même en montrant qu’il n’a pas l’idée de la vraie philosophie. Parmi les Grecs, vous verrez cette même philosophie, solide et sublime, dans les livres de saint Basile contre Eumonien, dans les discours de saint Grégoire de Naziance sur la théologie, dans les traités de saint Athanase contre les païens et les ariens. Quelle force, quelle logique, quelle clarté dans les preuves que les Pères nous donnent de la divinité de la religion chrétienne ! Quel monument de raison, que ce livre des Prescriptions de Tertullien contre les hérétiques ! Comme en réfutant les hérésies nées de son temps, il réfute d’avance,