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C’est à Alexandrie que vinrent se réunir les doctrines persanne, judaïque et grecque, et que commença le gnosticisme.

L’affluence dans Alexandrie des philosophes et des doctrines de tous les peuples a dû nécessairement modifier plus d’une fois le langage de cette poignée de Grecs, que le génie d’Alexandre transporta aux extrémités de l’Égypte, et que le destin rendit bientôt dépositaires de tout ce que l’esprit humain avait jusqu’alors produit de systèmes. Alexandrie devint le théâtre de tous les événements et de toutes les révolutions, de toutes les combinaisons qu’ils enfantent. Dans les commencements ce fut le platonisme qui domina : bientôt il s’associa le pythagoréisme et le péripatétisme ; mais aucun de ces systèmes n’avait plus sa primitive pureté, et aucun ne conserva celle qu’il avait encore. Les antiques doctrines de l’Égypte et de la Grèce, les enseignements mystérieux de la Thrace et de la Samothrace, d’Éleusis et de Saïs, pénétrèrent dans les trois principaux systèmes de la Grèce ; et des doctrines, qui n’avaient eu jusqu’alors ni contact, ni affinité avec eux, vinrent se combiner avec leurs principes, ou du moins s’alimenter à leur source. Dans la personne d’Aristobule, le judaïsme s’empara d’Aristote ; dans celle de Philon, il s’implanta le platonisme ; les esséniens et les thérapeutes réunirent ce que les prêtres de l’Égypte et de la Perse, ce que Pythagore et Platon leur offraient de plus sublime, et les kabbalistes renchérissant sur eux, firent entrer dans leurs enseignements le zoroastrisme presque tout entier.

De deux révolutions nouvelles, opérées sur cet impor-