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ainsi dire, à l’entrée du Saint des saints, ce voile impénétrable qui séparait le vulgaire des chefs de la croyance, et qui s’était déchiré au moment où s’accomplissait la mission de Jésus-Christ. Les ouvrages des apôtres, disaient-ils, ne pouvaient qu’indiquer certains enseignements, et devaient se taire jusques sur les éléments des autres. Les articles de la foi vulgaire, c’était tout ce qu’ils pouvaient exposer au vulgaire. Les mystères très-supérieurs devaient se communiquer aux esprits supérieurs. En empruntant pour la désignation de cette prétendue science supérieure un terme solennel (Gnosis), dont les apôtres s’étaient servis, en effet, pour indiquer cette supériorité de savoir que donne la révélation, ils coloraient avec adresse la prétention d’avoir reçu leur science des disciples des plus grands apôtres.

« L’idée fondamentale de ces docteurs était donc empruntée aux doctrines anciennes qui, presque toutes, distinguaient leurs adhérents en plusieurs classes. Cependant leurs intentions ne se bornaient pas à l’emprunt d’une vaine distinction. Ils créèrent réellement une doctrine différente de celle du vulgaire, et ils la créèrent avec une telle indépendance, que l’histoire des spéculations de l’esprit humain n’offre rien d’analogue à cette audace, qui bientôt se transporta non-seulement, au delà de toutes les bornes du monde sensible, mais jusques dans le sein du monde des intelligences, jusques dans l’abîme impénétrable et ineffable d’où sont émanés et où doivent rentrer un jour, suivant eux, tous les êtres qu’anime une étincelle du feu divin.

« Toutes les fois que les doctrines des apôtres étaient