Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/684

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
680
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

pas cependant la faculté de ruminer. Cette catégorie représente les hérétiques qui marchent au nom du Père et du Fils, mais qui, impuissants à triturer l’interprétation des saintes paroles, et à réduire la doctrine en subtiles molécules, n’exécutent que grossièrement, sans soin ni exactitude, les œuvres de la justice, si tant est qu’ils les exécutent. C’est à eux et à leurs pareils que le Seigneur adresse ces mots : « Pourquoi me dites-vous Seigneur ! Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je vous ordonne ? » Quant à ceux qui n’ont pas la corne du pied fendue, et qui de plus ne ruminent pas, la loi les déclare entièrement immondes.

Pour vous, habitants de Mégare, s’écrie Théognis, vous n’occupez ni le troisième, ni le quatrième, ni le douzième rang, soit en raison, soit en nombre[1]. » — Qu’êtes-vous donc ? « Une paille légère que le vent emporte de la surface du sol[2] ; une goutte d’eau dans un vase d’airain[3]. »

Nous avons comme préludé par ces matières. Maintenant que, fidèle à notre engagement, nous avons discuté rapidement et à diverses reprises le point de morale ; maintenant que les dogmes auxquels s’allume le flambeau de la connaissance véritable ont été disséminés par nous, çà et là, dans le but de dérober les saintes traditions à ceux qui ne sont pas initiés aux mystères, mettons la main à la discussion que nous avons promise. Nos livres des Stromates, sont loin de ressembler à ces jardins soigneusement entretenus où les arbres et les plantes sont alignés dans un ordre symétrique pour le plaisir des yeux. Je les comparerais plus volontiers à un coteau chargé d’ombres et de fraîcheur, où croissent le cyprès, le platane, le laurier, le lierre, le pommier, l’olivier et le figuier, de sorte que la plante stérile s’élève a côté de l’arbre fécond. Pourquoi ce désordre apparent ? Parce que l’Écriture veut demeurer secrète et

  1. Suivant le Scholiaste de Théocrite, l’oracle de Delphes donna cette réponse aux habitants de Mégare qui venaient le consulter.
  2. Psalm. I, iv.
  3. Isaïe XL, xv.