Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/17

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plutôt que d’abandonner le problème ébauché.

Malgré la force de tête qu’ils supposent, combien durent être pénibles les premiers efforts de la jeune fille ! Quoi qu’il en soit ses progrès furent rapides et, bientôt, elle se trouva en état d’étudier avec fruit le calcul différentiel de Cousin. Le temps de l’ingrate préparation était passé, et l’opiniâtre travailleuse goûtait la joie que procure la certitude d’arriver au but, joie sans doute bien vivement ressentie puisque vers la fin de sa vie, au témoignage de personnes qui l’avaient connue, Mlle  Germain parlait encore avec animation du bonheur qu’elle éprouva à ce moment où elle comprit enfin le langage de l’analyse. Mais alors, et précisément à cause de ses progrès, une nouvelle difficulté se présenta ; il lui devint indispensable de connaître et d’approfondir des ouvrages de science écrits en latin, et elle n’entendait point cette langue ; en ceci encore Mlle  Germain ne prit secours de personne et, seule, elle se rendit capable de lire Euler et Newton. Le croira-t-on ? Tant de soins ne suffisaient pas à son activité. Imbue de l’esprit généralisateur qui se révèle dans l’Encyclopédie, elle commençait en même temps à explorer tout