Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/60

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suppléer à la réalité absolue qu’on ne saurait autrement embrasser dans tout son ensemble. Or, concevoir par abstraction des objets plus simples que les objets réels, coordonner ensuite ces objets au moyen d’une conception dont le but est d’en faire plus facilement saisir l’ensemble, tel est le double rôle de l’imagination dans la science. Le système atomique, celui de Leibnitz en mathématique, celui de Laplace en astronomie, celui de Jussieu et de Blainville en biologie, offrent des exemples : ce sont des conceptions ingénieuses répondant actuellement aux besoins de la science, plus simplement et mieux que toutes autres[1] ; ce dont il faut se garder, tout en leur accordant une légitime préférence, c’est de leur donner une réalité objective. L’erreur des théologiens et, à la suite, des métaphysiciens, c’est d’objectiver leurs conceptions.

En second lieu, s’il est manifeste que l’art consiste en une représentation idéale qui implique l’exagération des images, lesquelles, selon la judicieuse remarque d’Auguste Comte, « doivent dépasser la réalité, afin de nous pousser à l’amé-

  1. Voir : Méhay, La Théorie atomique et le rôle de l’imagination dans la science (Moniteur scientifique, novembre 1877).