Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/61

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liorer[1] il est manifeste aussi que le génie créateur, sous peine d’aberration, est soumis à la nécessité de subordonner à l’ordre naturel son idéalisation. L’idéalisation, qu’est-ce donc ? De même que l’abstraction, c’est un procédé en vertu duquel, les traits principaux prenant l’importance, la représentation devient plus fidèle en ce sens qu’elle se trouve débarrassée alors du mélange empirique qui l’altérait. Or, régulariser les utopies en les assujettissant à l’ordre réel, puis rendre intelligible la communication du type intérieur imaginé, simplifié, modifié, tel est le double rôle de la raison dans l’esthétique. Tous les chefs-d’œuvre dont le temps n’a pas amorti l’éclat en témoignent : ce sont des combinaisons idéales que la raison ramène à une indispensable et suffisante réalité. Le défaut des œuvres sans durée, quelle qu’en soit d’ailleurs la vogue passagère, c’est de faire prévaloir les inspirations subjectives sur les notions objectives, ou celles-ci sur celles-là.

M. le docteur Segond, en son Programme de Morphologie a très bien montré, d’une part,

  1. Aug. Comte : Discours sur l’ensemble du positivisme.