Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/130

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l’on mouille a vingt-cinq ou trente brasses de profondeur, à une portée de petit canon du rivage ; devant un banc long et étroit sur lequel à peine une chaloupe peut passer de basse eau.

Le roi et toute sa cour me reçurent fort bien. Il me fit présent de quelques bœufs maigres et de noix de cocos de mauvais goût. Il y a dans cette isle si peu d’eau douce que la plupart des habitants sont obligés d’en boire de somache et les considérables boivent l’eau de leurs chétives noix de cocos. Nous vîmes, avec étonnement, que, les matins et les soirs, le bétail qui venait des plaines et des montagnes s’en allait boire l’eau de la mer. Le peuple est malin et de mauvaises mœurs. Il y a près de dix petits rois dans l’isle qui se font la guerre sans cesse ; de sorte que les étrangers s’y doivent bien tenir sur leurs gardes". Les remarques de Van-den-Broeck sur la maigreur des bœufs, la petitesse et le mauvais goût des cocos, la manière dont on abreuve le bétail, sont surprenantes ; à moins que toutes ces choses n’aient bien changé depuis 1614 ; ce qui est peu probable. Aujourd’hui les bœufs de Comore, moins grands, il est vrai, que les bœufs de Madagascar, sont encore d’une belle taille et remarquablement gras ; les cocos sont très beaux et excellents. Quant au bétail qui boit l’eau de mer, l’erreur des Hollandais a été causée par l’habitude, qu’ont les Comoriens du littoral, de faire baigner les troupeaux dans la mer pour les débarrasser des carapates qui fourmillent dans les pâturages et s’attachent aux bœufs ; mais ces derniers ne boivent pas habituellement l’eau de la