Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/139

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rehaussée par un énorme turban blanc. Il portait la robe blanche et la ceinture sans ornement, et n’avait sur lui en fait de bijoux qu’une grosse bague d’argent. Ses traits sont accentués et même durs, mais il est, au fond, très bienveillant. C’est, je crois, le seul des petits sultans de la Grande Comore qui soit dévoué à la France, à qui il doit, d’ailleurs, la conservation de son pouvoir ; lors d’un kabar tenu en 1865, entre Mouroni et Iconi, ses enfants voulurent de déposer ; une vive discussion s’engagea entre leurs partisans et les fidèles d’Achmed, et des explications on en était venu aux coups, lorsque l’intervention d’un détachement de marins du Loiret, navire de guerre français, permit aux partisans d’Achmed de prendre l’avantage sur leurs adversaires. Les enfants d’Achmed s’expatrièrent ; ils se sont dernièrement racommodés avec leur père et ont été ramenés à Comore par une corvette de Zanzibar. Il est d’usage, dans toutes les Comores, que le sultan fasse présent d’un bœuf à chaque navire de guerre français qui vient de visiter ; Achmed n’avait pas ses troupeaux sous la main ; il arrêta un Arabe qui passait avec trois bœufs, et lui en demanda un ; à la suite d’une vive discussion, l’Arabe lui tourna brusquement le dos et partit, emmenant ses bœufs. J’appris, par l’interprète, que ce sujet peu respectueux avait exigé le payement immédiat du bœuf, mais que le sultan, n’ayant pas d’argent dans sa poche, avait eu beau faire les plus belles promesses de le payer en rentrant chez lui, le sujet n’avait rien voulu entendre. Ce petit incident fait voir dans quelle indépendance vivent les Comoriens. Il fallut attendre