Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/152

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peints en noir bleuâtre ; ses cheveux noirs très droits pendaient en deux nattes ; ses pieds étaient complètement nus. Elle portait une petite calotte d’or semblable à une moitié d’orange, un collier et d’énormes pendants d’oreille en or, finement travaillés ; mais le lobule de l’oreille n’était pas distendu comme celui des Antalotes. Son costume se composait d’une espèce de veste en velours violet et d’un large pantalon en soie, à mille raies rouges et jaunes, serré en bas par des coulisses, et arrêté, au-dessus des chevilles, par de gros bracelets très bombés, en argent repoussé. Elle souriait à chaque instant et très gracieusement ; malheureusement chaque sourire laissait voir une double rangée de petits points noirs, derniers vestiges de ses dents rongées par la chaux ; car elle ne faisait pas exception à la règle et chiquait continuellement le mélange de bétel, de chaux et d’areck ; les Arabes négligent ce détail, mais j’avoue qu’il lui faisait perdre beaucoup de son charme. Le mélange avec les Malgaches a modifié les usages des Arabes à Mohéli ; les femmes arabes sortent et se montrent un peu plus facilement qu’à la Grande Comore et Anjouan ; quant aux femmes malgaches et antalotes, elles sortent en plein jour, la figure découverte, et causent librement avec des étrangers. Outre sa maison de ville, la reine a une grande case entourée d’un village malgache, sur la montagne, à 2 kilomètres de Fomboni. Au pied de ce village coule, dans un vallon très fertile et très ombragé, la rivière qui fournit l’eau à la ville. Fomboni paraît peuplée de 2000 habitants.