Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/161

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mort de la mère de Djombé. Madame Droüet avait acquis une telle influence qu’elle prit à proprement parler la direction de son pays, cela, au grand déplaisir des Arabes dont les coutumes et la religion n’avaient pas les sympathies de l’institutrice. En même temps Madame Droüet mettait le plus possible ses élèves en rapport avec nous, et le commandant de Mayotte les traitait en protégées. En 1848, il fut décidé que Djombé-Fatouma régnerait par elle-même, et un certain éclat fut donné à son couronnement par la présence des navires de guerre français la Reine-Blanche et le Cassini, qui s’associèrent aux fêtes. Devenue reine de fait, Djombé conserva toutes les idées que lui avait inculquées son institutrice et ne cessa de la consulter dans toutes les occasions difficiles. Aussi la jalousie des chefs arabes continua à s’accroître. Pour avoir le droit de demander à la reine d’exiler son institutrice, on fit courir le bruit que Madame Droüet ménageait une cession de l’île à la France. La reine avait plusieurs fois repoussé cette demande avec indignation, lorsque, dans le courant de 1851, une députation de notables lui fut envoyée, et vint l’informer que les chefs avaient résolu de chasser Madame Droüet. "Chassez-la, si vous voulez, répond la reine, je saurai bien la faire revenir". Cette parole énergique fut l’arrêt de mort de Madame Droüet ; il fut décidé qu’on la chasserait, mais qu’avant de le faire, on prendrait ses précautions pour qu’elle ne revint pas. Une esclave de la reine est gagnée et glisse du poison dans l’assiette de Madame Droüet ; dès que les