Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/168

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plus précieux ; il profita de cette circonstance pour envoyer un de ses Malgaches faire une nouvelle tentative de conciliation près de la reine ; l’envoyé trouva les portes de la ville fermées ; on refusa de le laisser pénétrer et on le menaça de le sagard s’il revenait. En regagnant l’embarcation, nous passâmes au milieu d’une troupe de Mohéliens armés de sagaies et de fusils, qui s’étaient bornés à nous surveiller sans mot dire. Quand le jour parut, la plage était couverte de Musulmans occupés à faire leurs prières et leurs ablutions devant la mosquée ; tous savaient très bien que la reine avait refusé de s’excuser et que, dans cinq minutes, les Français devaient tirer ; mais ils ne paraissaient pas s’en soucier. Le pilote arabe, interrogé sur les motifs de leur inconcevable sécurité, répondit naïvement que "si des Anglais avaient menacé de tirer, ils ne resteraient pas là ; mais qu’ils savaient très bien que les Français ne tireraient pas". Au dernier tintement de six heures, un coup de canon partit à bord de l’Indre ; l’obus tomba dans la mer à 50 mètres en avant du fort. C’était un avertissement ; en un clin d’œil, la plage fut débarrassée, mais le fort hissa fièrement son pavillon rouge et personne ne vint parlementer à bord. Alors l’Indre et La Bourdonnais ouvrirent le feu sur le fort qui ne répondit pas ; les obus lui firent quelques accrocs, mais il était plus solide qu’on ne le pensait, et il resta debout. Croyant cet avertissement suffisant, le commandant Empis fait cesser le feu pour donner à la reine le temps de réfléchir ; deux heures se passent, personne ne paraît. On reprend le feu mollement ; le pavillons rouge