Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/176

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le feu n’a pas eu d’aussi désastreux résultats. La végétation est aussi riche et a le même aspect qu’à Mohéli et à Mayotte. La population se compose d’Arabes, d’Antalotes, de quelques Malgaches, et de nègres d’Afrique ou de Madagascar ; elle peut être évaluée à 12000 habitants et répartie ainsi : deux dixièmes Arabes purs, trois dixièmes Antalotes, un dixième Malgaches, quatre dixièmes nègres esclaves. Sectateurs d’Ali pour la plupart, les Musulmans, Arabes et Antalotes, exercent une prépondérance incontestée. Cette population est répandue dans deux villes, avec murailles et maisons en pierres, M’Samoudou et Domoni, un gros bourg Ouani, et environ 80 villages. M’Samoudou, la capitale et la plus ancienne ville d’Anjouan, est située sur le bord de la mer, au fond d’une grande baie produite par la saillie des pointes N. et N.-O. de l’île. Bâtie sur une pente douce, au pied d’un monticule très escarpé, la ville a bon aspect de la rade. Elle occupe un carré régulier, de 400 mètres environ de côté, flanqué d’une vingtaine de tours. Les maisons, toutes en pierres, présentent une masse compacte de toits en chaume ou de terrasses, dominée par deux grands bâtiments à toits plats, l’habitation du sultan et une autre belle maison, et au centre, par le minaret de la principale mosquée, haute tour ronde, couronnée par une espèce de lanterne qui lui donne l’air d’un phare. Au-dessus du monticule se dresse la citadelle, avec son mur d’enceinte crénelé et son donjon surmonté d’un mât de pavillon ; elle commande complètement la ville à laquelle elle est reliée par un long escalier droit.