Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/180

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un épais rideau rouge masquait l’entrée de l’appartement des femmes. Les hommes de notre compagnie ne purent y pénétrer. Mais Mme de F… qui avait accompagné son mari, un des grands planteurs de Mayotte, fut admise à visiter le harem. On lui fit traverser à tâtons deux ou trois chambres très obscures où elle vit, assises sur des tapis et des nattes, les quatre femmes légitimes du maître du logis et cinq à six concubines, leurs servantes ; toutes variaient de nuance du jaune pâle au bronze ; les légitimes étaient plus laides, mais mieux habillées que les concubines. Rien d’ailleurs que de fort simple dans leurs costumes et dans l’ameublement du harem. Pendant tout le temps que dura notre visite, une vingtaine d’esclaves, hommes, femmes, enfants, sales et puants, entraient, sortaient et circulaient librement dans l’appartement, et les têtes d’une dizaine d’autres paraissaient aux portes ; on conçoit que les épidémies fassent des ravages épouvantables dans ces maisons arabes, malpropres et mal aérées, où quarante à cinquante personnes vivent agglomérées dans un espace de quelques mètres carrés ; sans compter les animaux domestiques qui pullulent dans des cours étroites. La maison du sultan est un assemblage de grandes constructions carrées, très hautes et couvertes de terrasses qui dominent toute la ville. Elle est percée, au rez-de-chaussée, de meurtrières, et tout au sommet de l’étage, de nombreuses fenêtres garnies de persiennes ; quelques unes, donnant sur les cours intérieures, ont des balcons de bois. Un escalier large et raide, d’une vingtaine de marche, conduit à une grande antichambre blanchie à la chaux, sans ornements,