Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/181

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garnie de bancs de bois et de chaises. De cette antichambre on passe dans une grande salle, très haute, aux murs également blanchis à la chaux ; le béton du sol n’est pas recouvert de tapis ni même de nattes. Un canapé et deux fauteuils Voltaire, garnis de damas rouge ; une vingtaine de chaises dépareillées ; deux armoires vitrées, pleines de vases de porcelaine garnis de fleurs artificielles sous des globes de verre, et d’objets de couleurs éclatantes et de mauvais goût ; sur une d’elles, une grande pendule sous globe, style Directoire ; pas une table ; au mur, deux grandes glaces bizeautées, style Louis XIV, richement encadrées mais détériorées et adhérentes à de vieux panneaux de boiserie ; deux autres glaces ovales, style Louis XV, dans le même état, disposées avec si peu de goût que l’une a son couronnement en bas ; tel était exactement, en 1867, l’ameublement de cette pièce qui sert au sultan de salle de réception dans les circonstances solennelles. Deux grandes portes à claire-voies garnies de volets, donnent accès aux appartements particuliers du sultan et de ses femmes, que je n’ai pas visités ; où se trouvent, sans doute, les riches sofas, les nombreux lits couverts d’étoffes précieuses et de torsades d’or, la splendide vaisselle d’or et d’argent, enfin toutes les merveilles des Milles et une Nuits qu’un voyageur y a contemplées, mais que personne n’a vues après lui. Au dire des Anjouanais, les douze femmes du sultan sont logées dans des appartements qui semblent très luxueux aux Comoriens mais dont le mobilier du salon de réception peut donner une idée suffisante. Elles sont complètement recluses ; et quand le sultan change de résidence, on transporte celles qui le suivent dans des