Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/196

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d’autant moins fondées qu’ils était lui-même un usurpateur, et eût-il été souverain légitime d’Anjouan, il n’aurait en aucun droit sur Mayotte dont Andrian-Souli s’était emparé par droit de conquête, ratifié par l’assentiment de la majeure partie des habitants. Le sultan actuel, Abdallah II ben Salim, est âgé d’environ 35 ans, sa figure est agréable et distinguée. Il est très poli et au courant des usages civilisés. Sous son règne, Anjouan prospère de jour en jour. Bien qu’il soit en assez bons termes avec le gouvernement de Mayotte, il est entièrement dévoué aux Anglais et suit, en cela, les conseils de son entourage qui est loin d’éprouver de la sympathie pour la France. On dit qu’en 1867 des agents zanzibariens lui proposèrent d’échanger son pavillon rouge et blanc contre celui de Zanzibar et de se placer sous la protection de Saïd-Medjid ; mais il préféra conserver sa complète indépendance. Les Anglais ont paru un instant vouloir occuper Anjouan ; ils avaient établi à Pomoni, près de l’habitation de M. Sunley, des magasins de charbon pour l’approvisionnement de leurs navires de guerre, chargés de faire dans le canal de Mozambique, une lucrative croisière contre la traite des noirs d’Afrique, mais ils ont, depuis, enlevé leur matériel et l’ont transporté à la côte de Madagascar. Deux pyramides en pierre balisent près de Pomoni, l’entrée d’un petit bassin situé au milieu des coraux et connu sous le nom de Mouillage des Anglais ; mais il serait imprudent à un navire à voiles de s’y engager. En outre, l’alignement donné par la pyramide conduit, à peu près au milieu de la passe, sur