Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/22

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Salomon se chargeaient d’une semblable ménagerie pour accomplir des traversées qui duraient au moins deux ans.

Ces indications me paraissent suffisantes pour considérer Tharsis comme la côte d’Afrique, spécialement la côte orientale de Gardafui à Solafa. Si ce point est admis, il faut en conclure rigoureusement qu’au temps de David et de Salomon, les vaisseaux juifs et tyriens parcouraient fréquemment le canal de Mozambique. Or on sait, par l’Odyssée quelles chances offraient la navigation dans ces temps reculés ; les vaisseaux, incapables de lutter contre la grosse mer, étaient obligés de fuir devant les tempêtes ou les moussons contraires, et balayés quelquefois, comme celui d’Annius Plotianus, à des centaines de lieues de leur route. Il est donc parfaitement possible qu’un coup de vent ait jeté un de ces navires sur Madagascar, ou sur la Grande Comore qui se trouve très peu éloignée de la côte d’Afrique(28).

Après Salomon, le commerce maritime des Juifs déclina rapidement. Une flotte, que Josaphat avait armée à Esiongaber pour l’envoyer à Tharsis, fut brisée, dans un coup de vent, sur la crête de rochers qui se trouvait à l’entrée du port ; cet accident fit abandonner Esiongaber, et Elath devint le seul port fréquenté. Sous Joram, les Iduméens ou les Arabes le reprirent ; Ozias les en chassa, et il resta entre les mains des Juifs jusqu’à la conquête de l’Idumée par l’églath Phalazar. C’est à cette époque que le commerce des Tyriens dans la mer Erythrée atteignit son plus grand développement. Après la ruine de Tyr, les marins tyriens entrèrent au service des rois d’Égypte ;