Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/269

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grand camp pour les travailleurs noirs ; tout à l’entour, des champs de cannes à perte de vue ; voilà à peu près la physionomie de établissement sucrier. Les grands navires peuvent mouiller en face de chaque établissement, mais il est nécessaire de transborder les chargements, dans des chaloupes ou de petits boutres qui seuls peuvent approcher de la terre. Dans l’origine, les marais étaient beaucoup plus étendus qu’aujourd’hui ; des barres, formées à l’embochure des rivières avaient produit des marais mixtes extrêmement dangereux. On conçoit sans peine l’épouvantable insalubrité de ces vallées lorsque les premiers colons ouvrirent les barres, desséchèrent les marais et mirent à nu par le défrichement les terres putrides formées par les alluvions. Aussi crut-on pendant longtemps que jamais la Grande-Terre ne serait habitable pour les Européens. Les colons se bornaient à y passer la journée et revenaient, chaque soir, coucher à Dzaoudzi et Pamanzi, ou à bord des navires en rade. Enfin, en 1850, M.Sobiers de Vaucouleurs transporta sa maison flottante à Issondjou et s’y installa avec ses employés. Le premier pas était fait ; son exemple fut suivi et les concessions se peuplèrent. Deux voies se présentaient aux colons : se borner à une exploitation agricole en tirant parti des milliers de cocotiers en plein rapport que renfermait chaque concession, en régularisant les bouquets épars, en les joignant par de nouvelles plantations, enfin en cultivant des caféiers, des girofliers, des cacaoyers, etc., ou bien aborder la culture de la canne qui réussissait parfaitement