Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/286

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du matin à 7 heures du soir, pourrait-ils songer à cultiver un petit champ ? Il n’est pas étonnant qu’avec une pareille économie le quart des ateliers soit toujours parti marron dans les forêts de l’intérieur, et que telle habitation qui compte 2 à 300 engagés n’en puisse jamais réunir plus de 150 sur le lieu du travail. Voilà pour les intérêts des engagés, mais il y a aussi les intérêts des engagistes. Les peines prononcées par l’arrêté du 2 octobre 1855 sont telles que le plus puni n’est pas l’engagé, mais bien l’engagiste qui, pour la moindre contravention commise par son engagé, se trouve privé de son travail pendant 15 à 20 jours. Je suppose qu’un beau matin un engagé de l’établissement de Dzoumogné, par exemple, refuse de se rendre au travail ; la police l’arrête et le conduit au poste de Combani où il passe la nuit ; le lendemain, elle le conduit au poste de M’Sapéré, d’où on le dirige sur Mamoutzou où il s’embarque pour Dzaoudzi. Là il attend à la geôle un jour d’audience, soit 3 ou 4 jours ; il est jugé et, l’arrêté n’admettant pas de circonstances atténuantes, il est condamné à la peine minima de 8 jours de prison et 5 fr. d’amende. Comme il est radicalement insolvable, il est obligé de fournir en travail le montant de l’amende, soit 5 jours de prison. Quand la peine est terminée, quand l’amende est liquidée, on croit peut-être qu’il est libre, pas du tout, la police lui réclame, en vertu d’un règlement, 3 francs, pour prime d’arrestation ; il passe donc encore 3 jours en prison ; enfin, il est reconduit à M’Sapéré, puis à Combani, puis à son habitations où depuis un mois son engagiste est privé de se services. Aussi les engagistes évitent-