Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/94

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se font exploiter par les sorciers comme les Africains. Mais au fond de tout cela, il règne une profonde insouciance ; leur horizon est très borné et du moment que l’avenir terrestre ne semble pas les préoccuper, que leur fait un avenir plus éloigné. Manger, boire, dormir, chanter, danser, satisfaire les besoins essentiels de la vie matérielle, voilà le cercle de leurs préoccupations. Nous exceptons de ce tableau les Betsimitsaracs de Sainte-Marie transportés à Mayotte ; chrétiens, pour la forme au moins, ils s’assimilent aux Européens ; mais trop souvent, sous des apparences honnêtes, ils cachent le fond le plus pervers".

S’ils ne connaissent aucun lieu moral, ils sont, en revanche, extrêmement superstitieux. Sur la route d’un de leurs villages, à Mayotte, il y avait une grosse pierre pour laquelle ils semblaient avoir une dévotion particulière, car elle était toujours couverte de fleurs, de colliers de grains, de fruits, quelquefois même de pièces de monnaie. Il est vrai que cette pierre se trouvait à côté d’un cimetière et qu’ils ont une peur horrible des morts ; ces offrandes provenaient, sans doute, des passants attardés. Leur frayeur des morts est telle que, malgré leur tendance à toujours mentir, on peut être assuré qu’ils disent la vérité quand ils invoquent leurs parents ou leurs amis défunts.

Ils enterrent leurs morts sans leur faire de mausolées et entourent seulement d’une ou de deux rangées de pieux, plantés en carré, l’endroit où ils reposent. Quelquefois, ils plantent, autour de la fosse, une rangée de baguettes vertes qui poussent et forment un bouquet d’arbres. Pour les grands personnages, chaque