Page:Ghil - La Tradition de poésie scientifique, 1920.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 29 —

lieux, les uns des autres immensément ignorés, de la terre !… Dans l’Inde, le « Rig-Veda » avait concentré de savoir et d’intuition, la puissance de ce chant de l’Origine, — de planante émotion intellectuelle et sensitive, ce chant « scientifique » :

« Il n’était alors ni Non-Être, ni Être. Il n’était d’atmosphère, ni de ciel au-dessus. Qui enveloppait tout ? Eau, ou abîme ? Jour ni nuit, ni mort, ni immortalité. L’Un respirait calmement, étant à lui-même son soutien. L’Un vide et enveloppé de néant, se développait par la Ferveur : et le Désir s’éleva en lui, et, de là, est le germe premier, lien qui unit Être et Non-Être. »…


Écoutons, en Phénicie, le poème ésotérique à son tour chanter son savoir sacré, thème premier de la doctrine évolutionniste :

« Sans limites et sans durée était l’atmosphère, et un vent s’élevait en son même sens. Et le vent devint amoureux de son principe et se retourna sur lui-même ; d’où naquit le Désir. Le Désir a été le principe de tout… Et de lui naquit Môt, pourriture d’un mélange aqueux. Môt apparut en aspect d’un Œuf, — et de là sortirent des êtres inconscients, puis conscients et contemplateurs des cieux ! »