Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/69

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Aurora.



Je t’aime et je t’adore, ô corps harmonieux
Où vivent les contours des antiques statues,
Marbre fort et serein, colosse glorieux
Aux jambes de blancheur et de grâce vêtues ;

Car ton front rayonnant, de cheveux embrasés
Se couvre, comme un mont couronné par l’aurore ;
Sur tes seins, aux lueurs du soleil exposés,
Ma lèvre retentit avec un bruit sonore.

Pour ton nez droit et pur et tes regards emplis
De calme, pour ta bouche aux haleines de myrrhe,
Pour tes bras aux combats nocturnes assouplis,
Enfin pour ta beauté, je t’aime et je t’admire ;

Pour ta seule beauté, je ne veux rien de plus !
Contemplateur ravi, je m’assieds devant elle ;
En elle j’ai fixé mes vœux irrésolus,
Et je puise a te voir une ivresse immortelle !

Que m’importe la fleur de la virginité ?
Que me fait le buisson où ta blanche tunique
Resta, piteux lambeau, sali, déchiqueté,
Épouvantai ! tordu par le vent ironique ?