Page:Glatigny - Le Fer rouge, 1870.djvu/29

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L’ennemi n’est pas si farouche ;
Il veut s’étendre dans ta couche,
Pourquoi l’en empêcher, bon dieu !

Laon est une fille publique
Qui veut bien rire, et ne s’explique
Nul de ces refus violents
Que d’autres villes font entendre.
Enfin, puisqu’elle veut bien tendre
Sa lèvre aux baisers des uhlans !

Ça l’irrite qu’on la défende,
Cette catin ; elle appréhende
Les gros mots de son prussien.
Il pourrait la battre. Eh ! Qu’a-t-elle
Donc à risquer ? Sa fange est telle,
Qu’elle n’a plus d’honneur ancien.

Ville prudente, ville infâme,
Ah ! Ville sans cœur et sans âme !
J’espère qu’on va te rayer
Du nombre des cités de France ;
Puisque tu mens à l’espérance,
Que tu ne sais que t’effrayer,

Que ta citadelle écroulée
Atteste, sombre et désolée,
Qu’au moins un français était là,
Qui n’acceptant point ta défaite,