Page:Glatigny - Le Fer rouge, 1870.djvu/47

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C’est que tout était mort en effet, ou sénile,
Et rien ne réveillait ces obstinés dormants,
          Même quand du fond de son île
Victor Hugo faisait tonner les châtiments !

Par instants, un vieillard, pénible à voir, teint blême,
Chancelant, fatigué, jaune, faisant horreur,
          Dans ce bal de la mi-carême
Passait, et l’on disait tout bas : « C’est l’empereur. »

Sa femme et son enfant suivaient, comme des ombres,
Ce spectre dégradé qu’un archange poursuit,
          Et les chants devenaient plus sombres,
Et l’on sentait passer le vent froid de la nuit.

O France ! Ta douleur vaut mieux que cette joie.
Tu saignes, mais tu vis, mais tu dresses le front
          Sous l’orage qui le foudroie ;
Mais à tes ennemis tu rejettes l’affront ;

Mais tu comprends les mots d’honneur et de patrie ;
Ton courage s’accroît de tous les maux soufferts ;
          D’autant plus forte que meurtrie,
Tu fais une arme avec les débris de tes fers !

L’épreuve sera courte. Un nouveau sang afflue
Dans tes veines, ô France ! Un sang pur et vermeil.
          Tes fils ont l’âme résolue,
Et sauront triompher demain, au grand soleil !