Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/139

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mes facultés, mais qui ne répondaient guère aux besoins et au but d’une administration municipale. Je dirai plus encore : si l’on ne devait proprement recevoir dans le sénat que des citoyens, je m’étais assez éloigné de cette condition pour me regarder désormais comme un étranger. J’exposai toutes ces raisons à ma mûre avec reconnaissance. Elle ne s’était pas attendue à une autre réponse, mais cette lettre dut lui parvenir assez tard.

Trêves, 29 octobre 1702.

Le jeune ami avec lequel j’avais eu plusieurs agréables conversations scientifiques et littéraires était en même temps trèsversé dans l’histoire de la ville et de la contrée : aussi les promenades que nous fîmes, par un temps passable, furent-elles toujours instructives, et je pus me faire une idée générale du pays. La ville a un caractère singulier. Elle prétend posséder plus d’édifices ecclésiastiques que toute autre ville de même étendue, et cette gloire ne lui peut guère être contestée, car,,iu dedans des murs, elle est remplie, obstruée, d’églises, de chapelles, de cloîtres, de couvents, de collèges, de maisons de chevaliers et de moines ; au dehors, elle est bloquée, assiégée, d’abbayes, de monastères, de chartreuses. C’est le signe d’une vaste juridiction ecclésiastique, exercée d’ici autrefois par l’archevêque, car son diocèse s’étendait sur Metz, Toul et Verdun. Le gouvernement civil n’est pas non plus dépourvu de belles possessions : car, à l’électeur de Trêves appartient, sur les deux rives de la Moselle, un magnifique territoire, et Trêves ne manque pas de palais, qui attestent qu’en divers temps, cette ville fut le centre d’une souveraineté étendue.

L’origine de Trêves se perd dans les temps fabuleux. Son heureuse situation doit avoir attiré de bonne heure des cultivateurs. Les Treviri furent compris dans les limites de l’empire romain, d’abord païens, puis chrétiens, soumis par les Francs, les Normands, et ce beau pays finit par être incorporé dans l’empire romano-germanique.

J’aurais voulu visiter cette ville dans une belle saison, dans des jours paisibles, apprendre à connaître ses habitants, qui eurent de tout temps la réputation d’être affables et joyeux. Il