Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/491

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naire universel le trésor entier de la langue allemande, cettecommunication se fait pourtant d’une manière beaucoup plus prompte et plus vivante au moyen des poésies et des livres.

On pourrait même faire observer à l’auteur que, tout comme un peuple se civilise à traduire dans sa langue des ouvrages étrangers, on avance aussi la culture d’une province, quand on lui donne à lire dans son dialecte des ouvrages de la même nation. Que l’auteur essaye donc de traduire dans son dialecte du Haut-Rhin des poésies convenablement choisies dans ce qu’on appelle le haut-allemand. Les Italiens ont traduit leur Tasse en plusieurs dialectes.

Après avoir exprimé le plaisir que nous a fait ce petit recueil, nous émettrons le vœu qu’on puisse lever un peu pour la moyenne et la Basse-Allemagne l’obstacle d’une langue et d’une orthographe étranges, afin de procurer à toute la nation cette charmante jouissance. Divers moyens se présentent : on peut lire à haute voix ; on peut se rapprocher de l’orthographe et de la prononciation ordinaires, et un homme de goût peut arranger pour sa société les pièces qu’il a le plus goûtées. C’est une petite peine qui procure a nos amis un grand plaisir.


SANS-CULOTTISME LITTÉRAIRE.

1795.


Dans les Archives du temps et de son goût, qui se publient à Berlin, a paru, cette année, au mois de mars, un article Sur la prose et l’éloquence des Allemands, que les éditeurs n’ont pas inséré sans scrupule, comme ils nous le disent eux-mêmes. Pour notre part, nous ne les blâmons point d’avoir accueilli cette production mal mûrie. Si des archives doivent conserver les témoignages de l’esprit d’une époque, c’est aussi leur destination d’en éterniser les sottises. À la vérité, le ton et le langage tranchants avec lesquels on croit se donner l’air d’un esprit vaste, ne sont rien moins que nouveaux dans le domaine de notre critique : mais la marche rétrograde de quelques hommes