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LE MARIAGE I4I

Podkoliossine. — Tu crois donc que se marier est chose aussi facile que crier : « Eh ! Stépane ! passe- moi mes bottes ! » puis les mettre à ses pieds et en route la balade !... Il faut méditer, comparer...

Phiokla. — Parfait... Pour comparer... vas-y! Il faut bien se rendre compte de la marchandise... Dis qu'on t'apporte ton cafetane... mets-le... et va... l'heure est bonne, c'est le matin...

Podkoliossine. — Maintenant?... I.e temps est bien gris... Que ferai-je s'il se met à pleuvoir?

Phiokla. — Prends garde... Tu as déjà quelques cheveux blancs... bientôt tu ne vaudras plus rien pour le mariage... La belle affaire !... conseiller de cour... Mais j'en trouverai des fiancés... je ne voudrai plus de toi, ensuite !...

Podkoliossine. — Qu'est-ce que tu viens me radoter?... Qu'est-ce qui te prend de me dire que j'ai des cheveux blancs?... Où est-il mon cheveu blanc?

(Il se tâte les cheveux.)

Phiokla. — Et pourquoi n'aurais-tu pas de che- veux blancs? L'homme vit pour vieillir... Réfléchis... Si l'un ne fait pas l'affaire, on s'adresse à un autre... J'ai presque jeté mon dévolu sur un capitaine... tu ne lui vas même pas à l'épaule... et il sert comme trompette dans son régiment... il l'a dit...

Podkoliossine. — Ta mens... attends, je vais voir dans une glace... inventer un cheveu blanc ! Eh ! Stépane, apporte-moi une glace... Attends... non, j'irai moi-même... Seigneur tout-puissant, il ne man-

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