Page:Gogol - Le Revizor 1922.djvu/189

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tout en parlant.) La situation d’une jeune fille est vraiment terrible... surtout quand elle est amoureuse... Jamais un homme ne se mettra dans sa position... jamais il ne fera un effort pour la comprendre... Voilà, c’est prêt. Il ne me reste plus qu’à les mettre dans mon réticule, de fermer les yeux et de me soumettre à la destinée. (Elle jette les bouts de papier dans son réticule et les mélange.) J’ai peur... Ah! si Dieu voulait que ce fût Nikanor Ivanovitch... non... pourquoi celui-là... C’est Ivan Kouzmitch qui devrait sortir... Ivan Kouzmitch, pourquoi?... Les autres ne sont pas plus mal... Non, non... je ne veux pas... celui que je retirerai sera... (Elle mélange encore les papiers et les prend tous.) Ouf ! les voilà tous ! tous dans ma main ! Dieu, j’entends mon cœur qui bat ! Non... un seul... il m’en faut un... un seul absolument ! (Elle jette de nouveau les papiers dans le réticule et les remélange. A ce moment, Kotchkariof entre tout doucement et s’arrête derrière la jeune fille.) Ah ! si je tirais Balthazar... Qu’est-ce que je raconte... je voulais dire Nikanor Ivanovitch !... Non, non, je ne veux pas... Celui que le destin...

Kotchkariof. — Mais choisissez donc Ivan Kouzmitch... c’est le mieux...

Agaphia Tikhonovna. — Ah !

(Elle pousse un cri et se cache le visage dans ses mains effrayée, n’osant pas se retourner.)

Kotchkariof. — Pourquoi avez-vous eu peur ? Ne craignez rien, c’est moi. Je vous assure... prenez donc Ivan Kouzmitch.