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LE REVIZOR II

Jamais il ne commencera sa leçon sans faire une grimace... tenez... comme celle-là, (Il fait une gri- mace.) et sans tirer sa barbe après avoir passé la main sous sa cravate. Cela a peu d'importance devant ses élèves... peut-être même est-ce nécessaire? je ne suis pas compétent... Mais pensez donc... S'il le fait de- vant un étranger... cela pourrait mal finir... le révizor ou un autre pourrait croire que cette attitude le vise...

Louka Loukitch. — Que voulez-vous que je fasse? Je lui en ai déjà parlé ! Il y a quelques jours, le direc- teur entrait dans la classe... Si vous aviez vu la gri- mace ! Plus horrible que jamais ! Il l'a faite en toute simplicité... Mais c'est moi qui ai reçu les reproches : on incitait la jeunesse à trop de libertés !

Le préfet. — Encore une remarque au sujet du professeur d'histoire. C'est une tête bourrée de con- naissances... évidemment ! mais il explique les choses avec une chaleur... il va jusqu'à s'oublier!... Je l'ai entendu une fois... Tant qu'il parlait de l'Assyrie et de Babylone, passe encore !... Mais quand il arriva à Alexandre de Macédoine, vous n'avez pas idée... J'ai cru, je vous le jure, que le feu prenait à la. maison... Il descendit de sa chaire, saisit une chaise, et vlan ! de toutes ses forces sur le parquet !... Pas de doute qu'Alexandre de Macédoine ait été un grand homme, mais pourquoi casser les chaises?... Le fisc en souffre.

Louka Loukitch. — Il est vif, c'est incontestable. Je lui en ai fait la remarque, plusieurs fois... Lui me répond : « Que voulez-vous, moi je sacrifierais ma vie pour la science ! »

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